Retour sur un pape en voie de béatification
Voici le texte de RU 14/2005 du 11.4.2005, « bilan vie JP2 » :
- VATICAN: On attend de notre agence un bilan du pontificat de notre pape Jean-Paul II,1979 à 2005. Essayons. Ou disons plutôt osons. Il n'est pas interdit aux chrétiens de réfléchir, même à haute voix, au contraire, pourvu qu'on cherche la vérité! D'abord une remarque préliminaire. Notre dernière dépêche (RU 13/2004) s'appelait une 'méditation', en fait un 'cauchemar' sur la situation de l'Eglise. Une Eglise qui semblerait vouloir fonctionner même si Dieu n'existait pas. On nous a traités de noctambules, de saltimbanques, de prestidigitateurs et même de fumiers. C'est peut-être vrai. Mais permettez d'apporter la preuve que, avec notre 'méditation', nous n'étions pas si loin de la réalité. Le cardinal Ratzinger a accusé, lors du Chemin de Croix du Vendredi Saint 2005 près du Colisée de Rome, 'le sécularisme sans Dieu dans l'Eglise'. Pesez chaque mot de cette expression, et vous y êtes.
Nous voudrions, entre mille, traiter de quatre aspects du pontificat de Jean-Paul II qui nous paraissent importants pour l'avenir: l'ouverture vers l'est, la division dans l'Eglise, la défense de la vie humaine, et enfin sa mort très digne.
1) L'est. En tant que pape slave, il était prédestiné à ouvrir les portes entre l'est et l'ouest, de mettre en exergue ces 'deux poumons de l'Europe'. C'est vrai que le communisme a implosé à l'est européen en tant que système - mais il s'est répandu sous une forme plus subtile à l'ouest: le néo-communisme, le socialisme, en un mot le mépris de Dieu et de l'homme. C'est vrai que le mur de Berlin est tombé - mais il aurait pu tomber plus tôt sans le service de camerlingue que l'Eglise a joué pour les rejetons de Karl Marx et de Staline en les rendant fréquentables et dignes de 'crédit'. Avec un cardinal Mindszenty comme pape, ou un cardinal von Galen, le mur se serait écroulé plus tôt suite à une mise au ban formidable opérée par les chrétiens face à ces charcutiers de l'humanité (150 millions de morts). C'est vrai que le dialogue avec les Orthodoxes a été essayé - mais il est vrai aussi qu'au bout du chemin 'oecuménique' péniblement parcouru, Alexij II, patriarche de toutes les Russie, a déclaré, il y a peu de temps encore, qu'il mettrait des barricades dans les rues si le pape s'aventurait en 'Sainte Russie'. Fatima n'est pas pour demain. Bilan de cette ouverture à l'est: négatif sous tous les aspects, avec l'humiliation de l'Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique en plus.
2) On dit que le pape aurait été 'courageux' en promulguant haut et fort la doctrine de la Vie humaine intouchable, car donné par Dieu, face à l'avortement et les autres déviations touchant à la vie. Ce courage, il l'avait au Vatican, en Pologne et en Irlande, pays déjà gagnés à la cause. Mais en France, en 8 visites pontificales, effrayé par les lobbies avorteurs et les conseils 'prudents' de ses évêques, il n'a pas osé prononcer le mot 'avortement' une seule fois. Il rasait les murs. Quand il s'écria "N'ayez pas peur!", n'était-ce pas surtout une auto-critique? Avec cette peur que l'on ne pardonnerait à aucun militant pro-vie de terrain, l'effroyable bilan de la mort - par l'assassinat des plus faibles et plus démunis des humains, les bébés - est monté à des chiffres dépassant le milliard dans le monde. Avec une Eglise qui se mettrait, comme un seul homme, debout contre ce crime, allant jusqu'à l'excommunication nominative des chefs d'Etat et députés pro-avortement, afin que les choses soient claires dans la conscience des fidèles, nous n'en serions pas là. Non, on leur donne publiquement la sainte communion... Avec un pape qui serait allé dans les avortoirs pour sauver la vie, au lieu de pleurer sur les tombeaux, nous n'en serions pas là. Il a retardé le combat pourtant incontournable, le test de vie et de mort qui est sur l'agenda des chrétiens. Bilan vie: malheureusement également négatif.
3) L'unité de l'Eglise a été sacrifiée dans une mesure jamais vue jusqu'à présent, sur l'autel d'objectifs humains incertains. Des centaines de milliers de catholiques fidèles à la Tradition ont été éloignés par une bulle d'excommunication ambiguë, et surtout des millions de catholiques ont été chassés des églises par une liturgie laissée à l'abandon, c'est-à-dire à la fantaisie et au culte de l'Homme. Pourtant la valeur suprême que Jésus a attribué à la fonction de Pierre, était justement l'unité: pais mes brebis, chasse les loups de la bergerie, cherche ceux qui se sont perdus. "Que tous soient Un, comme Je suis Un avec le Père". Jean-Paul approche le Juge Eternel avec cette division de l'Eglise. C'est là que notre prière pour lui, pour le salut de son âme, gagne toute son importance et son urgence. Bilan pour l'unité de l'Eglise: négatif. Quel mandat pour le prochain pape!
4) Sa mort. Elle était admirable, mais pas héroïque. Elle était un exemple, pas un martyre. Un martyre est un homme que l'on tue pour sa fidélité au Père, au Fils et au Saint Esprit. Oui, Jean-Paul II a donné l'exemple comment on peut mourir 'dans la dignité' sans recourir à l'alchimie euthanasique des héros du petit matin comme Bernard Kouchner ou Jacques Attali. Mais combien de millions d'hommes et de femmes meurent dignement de cette façon! Merci quand-même pour l'exemple à ce niveau visible pour le monde entier. Mourir 'chez soi', sans acharnement thérapeutique dans un hôpital quelconque, sera désormais de nouveau une belle chose qui plaît à Dieu et aux hommes, grâce à Jean-Paul II. Mais ce n'est pas exactement là, le rôle d'un pape. Bilan de 'l'homme' Jean-Paul II: positif.
A nous ne conviennent que les bilans pour préparer l'avenir. Dieu seul jugera. - R.I.P. ! - (ru)